21/12/2023

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21/12/2023

Tribune | Devenons aussi ingénieurs en décarbonation

Réduire à toute force l’impact carbone. Confrontés à cette impérieuse nécessité, ne pas laisser à l'autre ce devoir de responsabilité, au prétexte que notre empreinte carbone serait insignifiante au regard des siennes ou des émissions globales de notre secteur.

A l’inverse, à chaque étape d’un projet, se demander comment notre ingénierie et notre filière amont peuvent être plus frugales ; s’interroger de fait sur la pertinence d’un geste, d’un acte, d’une procédure ; questionner la possibilité de faire autrement, de faire mieux avec moins, voire de ne pas faire.

Décarboner en agrégeant la data à l’expérience

Quand il s’agit de dessiner la carte d’identité géotechnique, environnementale ou hydrogéologique d’un site, les données du sous-sol sont indispensables. Collectées depuis des décennies, numérisées, géolocalisées, qualifiées, ces données nourrissent des algorithmes de géostatistique.

Sans même se déplacer sur le terrain, ces données ainsi exploitées deviennent notre socle pour délivrer aux clients et aux concepteurs un modèle prédictif, à même d’anticiper les problématiques, d’optimiser les préconisations techniques et d’aiguiser la pertinence des investigations qui devront être ensuite réalisées.

Notre propos n’est pas de faire moins au seul motif que ce serait vertueux pour la planète.

Il est de faire ce qui est utile pour le projet et pertinent pour son optimisation et sa pérennité, à l’aune de l’ensemble des informations et datas déjà recueillies par le passé et à la lumière de ce qui a déjà été pensé et élaboré pour des projets et géographies similaires et, ce faisant, d’avoir un impact positif sur l’environnement.

Solscore Fondasol Miniature Youtube 2023

En 2023, l’activation de notre modèle géotechnique sur plusieurs centaines de projets aura ainsi évité l’émission de près de 80 tonnes de CO2eq.

Cette optimisation ne peut qu’aller grandissante, car les lacs de données s’accroissent chaque jour, nourris pas les informations recueillies sur les sites des projets étudiés, auxquelles d’autres critères s’agrégeront progressivement.

Les risques géologiques, les essais en laboratoire, les retours d’expériences des chantiers suivis, constituent ainsi autant de renseignements qui s’incrémenteront demain dans nos outils d’aide à la décision.

Ces mêmes outils gagneront encore en puissance en s’enrichissant des pensées et logiques de nos ingénieurs, de leurs optimisations passées, de leurs succès et de leurs difficultés à dimensionner, optimiser, de ces millions d’heures de réflexions qui se transforment en expérience.

Décarboner en proposant des variantes constructives

Il existe un autre chemin de progrès dans la décarbonation des études d’un projet de construction, et il est tout aussi évident que nous devons y prendre notre part. Ce chemin consiste à contribuer à inventer, valider et proposer des techniques alternatives de construction, à même de réduire l’impact carbone des projets.

Intégrer de nouveaux matériaux, évaluer la faisabilité d’un système de géothermie…, nous avons le devoir de proposer de nouvelles approches, tenant compte des sites et en lien avec la réalisation des fondations et la conception des enveloppes des ouvrages, et de convaincre nos parties prenantes de les intégrer dans leurs projets.

Forts de cette double approche, le maître d’ouvrage, le bureau d’étude ou le maître d’œuvre pourront intégrer l’empreinte carbone dans leurs critères d’analyse d’un projet, aux côtés des dimensions techniques, réglementaires, financières et calendaires.

De notre côté, nous aurons été prescripteurs en technique et en éco-responsabilité.

C’est cela, être ingénieur en décarbonation.

Olivier Sorin

PDG du Groupe Fondasol

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